Point de presse de la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Lana Zochiou (03.09.2025)

Point de presse de la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Lana Zochiou (03.09.2025)

L. ZOCHIOU : Bienvenue au ministère des Affaires étrangères. Voici notre première réunion d'information périodique destinée aux correspondants diplomatiques. Si le besoin se présente, nous organiserons également des réunions extraordinaires. Nous reprenons cette initiative, car nous estimons qu'il est utile pour le ministère des Affaires étrangères de présenter ses positions, ses actions et son travail, mais aussi, bien entendu, pour vous, d’avoir une information et une mise à jour claires et simultanées de la part du ministère des Affaires étrangères. Et aussi, pour clarifier les questions de politique étrangère dont nous comprenons la complexité et qui peuvent souvent être difficiles à comprendre. Maintenant, en ce qui concerne le déroulement de la réunion d'aujourd'hui. Elle durera 45 minutes, je ferai une introduction, vous poserez vos questions sur les sujets que vous souhaitez aborder. Et je vous demanderai de poser une seule question chacun, afin que nous puissions en aborder le plus possible.

Nous sommes en septembre, le mois de la Foire internationale de Thessalonique. Le ministre des Affaires étrangères se rendra à Thessalonique et visitera la Foire. Et c'est bien sûr le mois de l'Assemblée générale des Nations Unies. Elle aura lieu à la fin du mois de septembre. Elle débutera le 22 septembre et se terminera le 30 septembre, ce sera la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies.

Permettez-moi maintenant de revenir un peu en arrière, au mois d'août, pour évoquer certains sujets qui ont été abordés, les développements les plus importants du mois d'août. Nous parlerons tout d'abord de la visite du ministre syrien des Affaires étrangères du gouvernement de transition, M. Al-Chibani, le 20 août. Cette rencontre constructive a fait suite à la visite du ministre des Affaires étrangères, Giorgos Gerapetritis, à Damas. Je rappelle qu'il est l'un des premiers ministres des Affaires étrangères à s'être rendu à Damas après la chute du régime d'Assad. Le ministre a réitéré la position constante de la Grèce en faveur de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la Syrie. Il a souligné l'importance pour le gouvernement de transition syrien de respecter ses engagements en vue de la formation d'un gouvernement inclusif qui n'exclura ni les communautés ethniques ni les communautés religieuses. Il a souligné l'intérêt de la Grèce pour les populations religieuses de Syrie et la nécessité de maintenir des canaux de communication ouverts avec le patriarcat d'Antioche et le gouvernement syrien. Et bien sûr, il a souligné l'importance du respect du droit international de la mer et l'importance du respect des droits souverains des États voisins. Les deux parties ont exprimé leur volonté de promouvoir la coopération régionale. Il s'agit du cadre de coopération trilatéral Grèce-Chypre-Syrie, qui se réunira au niveau des ministres des Affaires étrangères à New York, en marge de la 80e session de l'Assemblée générale. Cela a désormais été confirmé.

Nous poursuivons ensuite avec la visite du ministre des Affaires étrangères égyptien à Athènes, le 6 août. Je tiens à souligner le partenariat stratégique que nous entretenons avec l'Égypte, que nous avons renforcé en mai 2025. Cette visite de M. Abdelatty a été l'occasion d'explorer les moyens de renforcer notre coopération. Vous savez très bien qu'au-delà des domaines dans lesquels nous souhaitons renforcer notre coopération - économie, commerce, énergie, migration - nous sommes très attachés à la stabilité. Nous accordons une importance particulière à la stabilité de l'Égypte en tant que pilier de stabilité dans l'est de la Méditerranée. Et bien sûr, nous entretenons une coopération très étroite au sein des Nations Unies et des organisations régionales. Et la Grèce soutient les positions de l'Égypte dans le cadre de l'Union européenne.

Bien sûr, deux questions se sont posées avec l'Égypte. Je vous laisse me poser toutes les questions que vous souhaitez, car je comprends l'intérêt que suscite le monastère Sainte-Catherine sur le mont Sinaï. Je tiens à réitérer notre position et la priorité accordée par la Grèce à la préservation à perpétuité du caractère orthodoxe grec du monastère et à son maintien en tant que lieu de culte vivant. L'autre question qui a été soulevée – vous en avez connaissance, notre communiqué a d'ailleurs été publié – concernait la note verbale de l'Égypte en réaction au plan d'aménagement du territoire maritime annoncé par la Grèce en avril 2025. Je pense que cela a été clarifié, si vous souhaitez en savoir plus à ce sujet. Il s'agissait d'une réaction prévisible de la part de l'Égypte. Elle a été formulée par le biais d'une correspondance diplomatique habituelle, à savoir une note verbale. Et, bien sûr, nous nous attendions à cette réaction, car la délimitation des zones maritimes avec l'Égypte est en suspens.

Maintenant, en ce qui concerne la politique étrangère. Je voudrais mentionner trois jalons de la politique étrangère active menée par la Grèce. Une politique étrangère active dans le respect du droit international et des principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies. Ces trois jalons – et vous comprendrez pourquoi je les mentionne – sont, premièrement, la représentation pour la première fois sur une carte de la planification spatiale maritime. Cela a eu lieu le 16 avril 2025. La Grèce avait l'obligation, en vertu de la législation européenne, de procéder à cette inscription dans le plan d'aménagement du territoire maritime. Les zones maritimes dans lesquelles les activités maritimes sont réparties y sont représentées. Nous connaissons les réactions que cette action a suscitées.

Deuxièmement, il y a l'appel d'offres pour la prospection d'hydrocarbures dans deux zones au sud de la Crète et la publication, le 12 juin, de cet appel d'offres, comme il est d'usage, au Journal officiel de l'Union européenne.

Et le troisième jalon est la création de parcs marins dans les mers Ionienne et Égée le 21 juillet 2025. La création des parcs marins s'est faite sur la base de critères purement environnementaux et dans les eaux territoriales grecques. Les parcs marins constituent le prolongement maritime des zones déjà protégées du réseau Natura 2000. Ces trois actions ont suscité des réactions de la part de nos États voisins. À présent, en ce qui concerne cette question – et nous pouvons en discuter lors des questions-réponses –, la Grèce répondra aux trois réactions par la voie diplomatique.

Nous passons maintenant au programme du ministre des Affaires étrangères pour la période à venir. Comme je vous l'ai dit, il se rendra à la Foire internationale de Thessalonique le 5 septembre. Le lundi 8 septembre, il rencontrera Belgasem Haftar, qui vient à Athènes. Il est le directeur général du Fonds de développement et de reconstruction de la Libye et il rencontrera le ministre des Affaires étrangères et le Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, M. Theocharis. Le même jour, le ministre des Affaires étrangères rencontrera la Directrice générale de la migration et des Affaires intérieures de la Commission européenne, Mme Gminder. Le lundi 15 septembre, le ministre des Affaires étrangères par intérim du gouvernement d'unité nationale, M. Al Baour, se rendra en Grèce, où il sera accueilli par le ministre des Affaires étrangères. Du 21 au 26 septembre, le ministre des Affaires étrangères sera à New York. Je vous communique le programme tel qu'il se présente à ce jour pour la semaine de haut niveau de la 80e session de l'Assemblée générale.

Le programme de la vice-ministre, Mme Alexandra Papadopoulou, comprend une réunion avec le ministre des Affaires européennes de la Serbie le 4 septembre. Le 10 septembre, Mme Papadopoulou assistera à un déjeuner avec les ambassadeurs des pays d'Amérique latine, alors qu'elle se trouvera elle-même à New York, à l'Assemblée générale des Nations Unies. Avant New York, elle se rendra à Washington, où elle aura des contacts avec le Département d'État.

En ce qui concerne le Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, M. Theocharis, il s'est rendu en Slovénie le 1er septembre. Il a participé à un forum sur l'intelligence artificielle, la prospérité et la compétitivité en Europe. En marge de ce forum, il a rencontré les vice-ministres des Affaires étrangères de Slovénie et de Pologne. M. Theocharis rencontrera lui-même Belgasem Haftar à Athènes le 8 septembre, puis se rendra à New York pour l'Assemblée générale.

Quant au Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, M. Loverdos, vous savez qu'il était à Istanbul jusqu'à hier. Il est revenu d'Istanbul, où il a participé à des cérémonies religieuses du Patriarcat œcuménique.

Et je terminerai ici avec l'Assemblée générale elle-même et le programme, tel qu’il a été établi jusqu'à présent. Vous comprenez que le fait que nous participions à l'Assemblée générale, alors que nous sommes membres élus du Conseil de sécurité pour la période 2025-2026, revêt une importance et une valeur particulières. Le ministre des Affaires étrangères aura une série de réunions bilatérales avec ses homologues. Il participera au dîner transatlantique organisé par le Secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio. Le ministre des Affaires étrangères participera au Conseil des Affaires étrangères de l'Union européenne, qui se tiendra à New York, représentera la Grèce à la Conférence internationale sur la solution à deux États coorganisée par la France et l'Arabie saoudite et rencontrera des organisations juives américaines et des membres de la diaspora.

La vice-ministre des Affaires étrangères participera à un événement parallèle sur la sécurité maritime et nous participerons également à une discussion du Conseil de sécurité sur l'intelligence artificielle, sous la présidence de la République de Corée. Voilà pour l'introduction. Passons maintenant aux questions, s'il vous plaît. Veuillez indiquer votre nom au micro et le média que vous représentez afin que cela soit consigné, car le texte sera publié par la suite. Merci.

G. PSAROPOULOS : Giannis Psaropoulos, d'Al Jazeera. Depuis décembre 2023, date à laquelle la période de récession avec la Türkiye a été instaurée, certains problèmes sont apparus, comme le fait que la Türkiye a empêché le développement du câble Great Sea Interconnector. Nous avons maintenant le problème avec la Libye, avec les parcelles. La Türkiye insiste pour développer le corridor ZEE avec la Libye. Et les autres problèmes bien connus avec la Türkiye, qui n'ont pas avancé. La discussion au niveau des chefs de gouvernement, qui devait avoir lieu en janvier, n'a jamais eu lieu. Je voudrais vous demander si vous avez prévu une rencontre entre M. Erdogan et M. Mitsotakis dans le cadre de l'Assemblée générale et si d'autres rencontres sont prévues. Vous ne nous avez pas parlé de M. Gerapetritis et de M. Fidan.

L. ZOCHIOU : Je commencerai par la fin. Vous soulevez de nombreux sujets, que nous aborderons un par un. À New York, nous avons déjà des déclarations du ministre des Affaires étrangères qui confirment que le Premier ministre grec aura une rencontre en marge de l'Assemblée générale des Nations Unies avec le président turc M. Erdogan. Passons maintenant au Conseil de coopération de haut niveau, dont je comprends le fait et l'intérêt qu'il n'ait pas encore eu lieu, mais cela ne signifie pas qu'il n'y ait pas eu, depuis décembre, vous avez mentionné 2023, des discussions et des contacts à d'autres niveaux. Je vais me référer aux plus récents. Le dialogue structuré et ses trois piliers, qui ont été établis par la Déclaration d'Athènes, se déroulent normalement. Les dernières réunions ont eu lieu en juin 2025. Le cycle du dialogue politique et de l'agenda positif s'est déroulé à Ankara. Il avait été précédé par la réunion sur les mesures de confiance. Dans ce contexte, nous pouvons donc dire que le dialogue structuré se déroule normalement à un autre niveau. Les trois piliers du dialogue structuré établis par la Déclaration d'Athènes progressent normalement. Le Conseil de coopération de haut niveau est un organisme qui, comme l'ont déjà déclaré le ministre des Affaires étrangères et le Premier ministre, sera mis en place sur la base des programmes des deux dirigeants.

J'en viens maintenant à la question du câble, que vous avez évoquée, et je dirai ceci. Le câble d'interconnexion électrique avec Chypre, mais aussi avec Israël, est un projet d'importance géostratégique. Il a obtenu le soutien de l'Europe. Il s'agit d'un projet d'intérêt commun de l'UE. Je vous renvoie d'ailleurs à ce sujet à la déclaration faite hier par le porte-parole de la Commission européenne - et j’associe cela au soutien européen - qui a essentiellement déclaré qu'il s'agit d'un projet auquel nous restons attachés. Et bien sûr, aux déclarations du commissaire européen à l'énergie, qui exprime son engagement en faveur de ce projet. Je tiens ici à vous dire que ce projet, au-delà du soutien européen, est fondé sur le droit international. En vertu du droit international, aucune autorisation n'est requise pour mener à bien ce projet. Je répète donc et je maintiens ce que le ministre lui-même a déclaré à plusieurs reprises, à savoir que le projet se déroulera comme prévu.

P. MICHOS : Panagiotis Michos, du journal « To Manifesto ». À l'occasion des visites des responsables libyens et comme l'a déclaré le ministre des Affaires étrangères, des discussions sur la délimitation des zones maritimes devraient débuter prochainement. La question est de savoir si ces discussions auront lieu entre Athènes et Tripoli. Des hauts fonctionnaires de l'Est de la Libye y participeront-ils ? La commission libyenne sera-t-elle commune ou y aura-t-il des discussions séparées entre Athènes et Benghazi ? Cela implique également que la Grèce discute des zones maritimes avec une autorité non reconnue. Comment cela va-t-il se passer exactement ? Quel est le schéma ? Car il existe deux autorités en Libye. L'une est le gouvernement et l'autre est ce qu'elle est. Alors, si vous pouvez nous donner plus de détails, comment la Grèce va-t-elle procéder ?

C. KRATSI : Christina Kratsi, de « Alpha ». Comme je constate qu'il y a une certaine effervescence ces derniers jours en ce qui concerne la Libye, sommes-nous sur le point d'entamer officiellement ce dialogue sur la délimitation ?

L. ZOCHIOU : En Libye, nous avons les questions suivantes. Au-delà de la situation intérieure du pays, parlons des visites du ministre des Affaires étrangères en juillet, d'abord à Benghazi, puis à Tripoli. Je me concentrerai sur la question de la reprise des pourparlers sur la délimitation des frontières. Mais je tiens tout d'abord à dire ceci. Ces deux visites ont été très bien organisées et le ministre des Affaires étrangères s'est rendu des deux côtés avec des propositions concrètes. Les discussions, entre autres, avaient pour objectif de part et d’autre : premièrement, de renforcer les relations bilatérales, deuxièmement, à l'époque avec Benghazi, la question des migrations et des flux migratoires, et bien sûr la question des zones maritimes, la délimitation des zones maritimes. Il en va de même, bien sûr, pour Tripoli. Passons aux résultats de ces visites, afin de répondre à votre question. Les résultats sont les suivants. Après les visites du ministre en Libye, nous avons constaté une réduction drastique des flux migratoires de Tobrouk vers la Crète. C'est le premier résultat. Deuxièmement, le premier cycle de formation des cadres de la garde côtière libyenne au KENAP en Crète s'est achevé à la fin du mois d'août. Un nouveau cycle de formation suivra.

TH. ARGYRAKIS : De combien de personnes parlons-nous ?

L. ZOCHIOU : 48.

TH. ARGYRAKIS : Et pour les prochains ?

L. ZOCHIOU : Cela n'a pas encore été déterminé. Le troisième point concerne la question des zones maritimes. Les comités techniques ont été constitués au cours du mois d'août. L'équipe de négociation grecque est dirigée par la vice-ministre des Affaires étrangères, Mme Alexandra Papadopoulou. Une équipe a également été constituée du côté libyen et nous en avons été informés. Il reste à fixer la date de début des négociations techniques, initialement du côté de Tripoli. Les discussions se dérouleront à un niveau technique et seront en tout état de cause exploratoires. Nous commençons par là. Je vous rappelle que les dernières négociations avec la Libye ont eu lieu en 2010 et qu'elles se sont arrêtées là. Voilà donc où nous en sommes sur cette question. Je voudrais ajouter une dernière chose. Au-delà des résultats de la visite du ministre, au-delà de la question de la mission commerciale qui sera en fait préparée avec la visite de Belgasem Haftar, qui est un autre résultat de la visite, la prochaine étape sera la mise en place d'une liaison aérienne directe entre la Grèce et Tripoli. Cette question a également progressé. L'intention est de faire de même avec Benghazi.

P. MICHOS : Donc, des discussions séparées avec Benghazi ?

L. ZOCHIOU : Exactement.

M. MOURELATOU : Maria Mourelatou, du journal « TA NEA ». Concernant l'équipe de négociation libyenne dont vous venez de nous parler, pouvons-nous savoir quand elle a été constituée et qui la dirige ?

L. ZOCHIOU : Il s'agit d'une équipe technique. Je ne souhaite pas entrer dans les détails concernant les noms. Nous avons toutefois reçu une réponse officielle de Tripoli concernant la formation de cette équipe.

D. KRIKELAS : Dimitris Krikelas de flash.gr et flashTV. Une précision, car vous avez mentionné que les comités techniques de Grèce et de Tripoli ont été constitués. Qu'en est-il de Benghazi ?

L. ZOCHIOU : Il n'y a rien pour l'instant.

M. TSILINIKOU : Maria Tsilinikou de « SKAI » et « CNN ». Nous avons lu aujourd'hui dans le journal « Kathimerini tis Kyprou » que le ministre des Finances affirme en substance que le projet n'est pas viable, soulignant qu'il dispose de deux études qui le prouvent et dont le titre est « Nicosie abandonne le câble » et d’ailleurs le ministre des Finances lui-même pose une question dans son interview : comment se fait-il que la Commission européenne, qui dispose des fonds nécessaires, ne se demande pas pourquoi ce projet n'a pas avancé pendant tout ce temps ?

L. ZOCHIOU : Je m'en tiendrai à ce que je vous ai dit précédemment.

N. MELETIS : Le ministère des Affaires étrangères estime-t-il que le retard pris et le gel du projet pendant 11 mois, ainsi que de l'interruption des recherches l'année dernière à Kassos, sont dus, disons, à la réticence, de Chypre, comme le rapportent aujourd'hui certains médias grecs ? Est-ce prévu par l'ADMIE (Le Gestionnaire indépendant du réseau de transport d’électricité de la Grèce) ou est-ce dû à la Türkiye ?

L. ZOCHIOU : En effet, nous avons ici un projet qui a déjà démarré, à savoir le câble d'interconnexion électrique avec Chypre et Israël. Il avance conformément au planning de la société.

N. MELETIS : Autrement dit, le ministère des Affaires étrangères estime que la responsabilité d'un retard de 11 mois dans les études, qui semble remettre en question la perspective de réalisation du projet, incombe à l'ADMIE ?

L. ZOCHIOU : Je ne vous ai pas dit cela. Je vous ai dit qu'il se déroulerait conformément au calendrier prévu.

N. MELETIS : Celui de la société ?

L. ZOCHIOU : Oui.

N. MELETIS : La Türkiye n'est donc pas responsable. La responsabilité du retard incombe à la planification de la société. C'est ce que nous disons.

L. ZOCHIOU : Je ne vais pas attribuer de responsabilités pour le moment, M. Meletis.

N. MELETIS : Très bien.

M. GASIAMIS : Gasiamis de « MEGA ». Nous avons eu un incident avec des bateaux de pêche turcs entre Samothrace et Thasos. Nous aimerions avoir le commentaire du ministère des Affaires étrangères et, à la suite des récentes déclarations de M. Kikilias, connaître la position générale de l'État grec face à de tels incidents. Y a-t-il une réaction au niveau diplomatique ?

TH. ARGYRAKIS : M. Kikilias a déclaré, afin de justifier la présence depuis plusieurs mois de bateaux de pêche turcs dans la mer Égée et la mer Ionienne, que la Grèce s’était mise d’accord avec la Türkiye, en coulisses, d'autoriser la présence des bateaux de pêche turcs et leur activité de pêche - ce qui est non seulement une question nationale, mais aussi environnementale – en échange, parce qu’ils nous en rendu les deux militaires grecs qui s’étaient rendus aux Turcs dans l'Évros. C'est la première chose. Le ministère des Affaires étrangères considère-t-il que cette déclaration de M. Kikilias est vraie ? C’est le premier point. Et le deuxième point, concernant les déclarations de M. Kikilias, est qu'il a demandé au ministre des Affaires étrangères de faire une démarche de protestation, même plusieurs mois plus tard. Une démarche de protestation est-elle prévue à l'égard de la Türkiye ? A-t-elle déjà eu lieu ou va-t-elle avoir lieu ?

L. ZOCHIOU : Jusqu’au moment où je suis entré dans la salle, les informations dont nous disposions de la part des garde-côtes indiquaient que la question faisait l'objet d'une enquête approfondie. Rien n'a encore été officiellement confirmé, mais si une infraction est constatée, nous prendrons immédiatement les mesures qui s'imposent. Bien sûr, nous ne négligeons pas le fait qu'il existe des phénomènes de pêche illégale systématique et que ces phénomènes, que nous appelons « incidents maritimes », constituent une violation flagrante et une menace pour les ressources marines. Pour répondre à votre question, il n'existe aucun accord, formel ou informel, avec la partie turque sur les questions de pêche.

TH. ARGYRAKIS : Vous contredisez donc M. Kikilias.

L. ZOCHIOU : Il n'existe aucun accord, formel ou informel. Et il n'y a bien sûr aucune instruction donnée à l’autorité portuaire, qui agit conformément au protocole. C'est du moins ce que je sais. Et il faut absolument préciser que la Grèce exerce pleinement sa souveraineté et ses droits souverains. Merci.

CH. MAKRI : Chrysa Makri, du journal Parapolitika. Je voudrais m'attarder un peu sur l'Égypte. Pouvez-vous me dire s'il y a une réponse à la note verbale, s'ils ont l'intention de commencer ou si quelque chose est prévu pour le dialogue sur la délimitation des zones maritimes et la ZEE. Et dites-nous ce qu'il en est du Sinaï par rapport à l'Égypte, si nous avons des développements.

B. ABDELSATTAR : Je voudrais poser une question sur le même sujet. Je m'appelle Barakat Abdelsattar. Je représente Al-Ahram et la télévision égyptienne. Il y a quelques instants, vous avez dit que nous voulons que Sainte-Catherine, comme on l'appelle en Égypte, soit un lieu de culte vivant. Je voudrais clarifier quelque chose. L'Égypte en tant qu'État respecte et apprécie peut-être davantage le rôle du monastère Sainte-Catherine que ces personnes ici présentes qui parlent et font de la propagande. L'Égypte respecte toutes les religions. Sainte Catherine est très importante pour l'Égypte et son rôle est incontestable. Je suis vraiment étonné. En effet, la présidence égyptienne et le ministère des Affaires étrangères ont publié une déclaration sur ce rôle, et pourtant les gens continuent à parler et à remettre en question le rôle de Sainte-Catherine. Merci.

L. ZOCHIOU : Comme je l'ai mentionné dans mon introduction, je vous ai parlé du niveau des relations bilatérales entre la Grèce et l'Égypte. Et cela ne fait aucun doute, le partenariat stratégique que nous avons construit et établi avec l'Égypte. En effet, nous avons récemment connu deux développements importants dans nos relations. Le premier - et je vais le présenter dans l'ordre chronologique - concerne le monastère de Sainte-Catherine sur le mont Sinaï et le second concerne la réaction de l'Égypte au plan d'aménagement des espaces marins.

Je dirais que la question du monastère est particulièrement complexe, comme vous le comprenez tous, et je voudrais distinguer deux aspects de cette affaire. Le premier aspect est intra-ecclésiastique, où s'appliquent les règles fondamentales de l'Église. À ce sujet, je tiens à préciser que le ministère des Affaires étrangères n'intervient pas dans les affaires internes du Monastère et reconnaît bien sûr l'archevêque Damianos comme représentant légitime. Le deuxième aspect du Monastère, pour être clair, est la dimension interétatique de cette affaire. Le ministre des Affaires étrangères est intervenu dans la dimension interétatique. Dès que cette question a été soulevée, il s'est rendu au Caire, où il a eu une discussion constructive avec son homologue, M. Abdelatty, et depuis lors, les deux ministres des Affaires étrangères sont en contact permanent. Il s'est également rendu récemment à Athènes, en août. Ce sujet a notamment été abordé lors de cette visite, et nous comprenons tous qu'il existe une intention et une volonté de le régler définitivement. Je répète que la priorité de la Grèce dans ce domaine est de garantir juridiquement et à perpétuité le caractère orthodoxe grec du monastère et de le préserver en tant que lieu de culte vivant. Telles sont donc les deux priorités fixées par la Grèce. Je le répète, ces questions ont été abordées lors de la visite du ministre. Le fait que nous ayons établi cette relation stratégique est très positif, car cela signifie que l'État grec participe activement à ces discussions et à cette affaire. Je voudrais donc m'en tenir là en ce qui concerne le monastère. Si vous souhaitez un commentaire sur la solution, si celle-ci est imminente, si elle est sur le point d'aboutir, je dirais que des progrès très importants ont été réalisés et que nous espérons bien sûr une issue positive des discussions.

En ce qui concerne l'aménagement du territoire maritime, la question de la réaction de l'Égypte à l'aménagement du territoire maritime a été soulevée. C'était un sujet qui a de nouveau été abordé lors de la réunion avec le ministre égyptien des Affaires étrangères, en août à Athènes. Comme je vous l'ai dit, il s'agissait d'une réaction prévisible et, bien sûr, si vous vous souvenez bien, c'était le 6 août, jour de la signature de l'accord sur la ZEE avec l'Égypte en 2020. Les deux parties ont affirmé leur attachement absolu au droit international, et au droit international de la mer. Pour l'instant, rien ne laisse présager, je n'ai aucune information, ni aucune discussion en cours sur la délimitation avec l'Égypte.

Une réponse sera donnée. Et elle le sera dans un avenir très proche.

M. ALATZAS : Alatzas Kostas, du journal « Efimerida ton Syntakton » et de la chaîne de télévision « Action 24 ». Étant donné que la Grèce invoque constamment et depuis toujours les principes du droit international et que vous avez déclaré précédemment, Madame la porte-parole, que le projet d'interconnexion électrique ne nécessite aucune autorisation des États côtiers pour être mis en œuvre, dans l'épisode de Kasos, la position d'Athènes et du ministre lui-même, si je ne me trompe pas, était que la zone dans laquelle les navires de guerre turcs se sont précipités est une zone située dans la zone économique exclusive, telle que délimitée par l'accord gréco-égyptien. Pensez-vous que la position du ministre sape la position que vous avez exprimée aujourd'hui ?

Le projet d'interconnexion électrique sape-t-il cette position ? Vous avez dit qu'il ne nécessite aucune autorisation et qu'il n'est en fait pas lié à la zone économique exclusive ou au plateau continental. Il s'agit d'un projet qui concerne les mers ouvertes, conformément au droit international. Dans l'épisode de Kasos, la position du gouvernement grec, exprimée par le ministère des Affaires étrangères en réaction à l'initiative de la Türkiye, était qu'il s'agit d'une zone située dans la zone exclusive..., des droits souverains grecs, pour ainsi dire, alors qu'il s'agit d'un projet qui n'a rien à voir avec les droits souverains. Il s'agit d'un projet en haute mer. C'est ce que je dis.

L. ZOCHIOU : Je n'ai pas dit cela. J'ai dit que le projet était protégé par le droit international. Je n'ai pas parlé au départ et je n'ai pas fait de distinction entre la haute mer et la ZEE. Je ne pense pas avoir dit cela. J'ai dit qu'il était protégé par le droit international. Le fait qu'il soit protégé par le droit international ne signifie pas seulement la haute mer. C'est clair ici et je voudrais être claire à ce sujet, la Grèce exerce ses droits souverains. Les droits souverains s'exercent dans des zones maritimes spécifiques.

K. BALI : Kaki Bali, du journal « Avgi ». Nous avons actuellement deux guerres dans notre voisinage et je voudrais savoir, à l'occasion de l'Assemblée générale des Nations Unies en septembre, si le ministère grec des Affaires étrangères envisage de prendre une initiative sur la question de la reconnaissance de la Palestine et s'il a une initiative ou plusieurs initiatives sur la question des négociations de paix entre la Russie et l'Ukraine ?

T. ARGYRAKIS : Puisque vous avez déjà mentionné la présence de M. Gerapetritis à New York, une rencontre est-elle prévue avec M. Rubio, le ministre des Affaires étrangères des États-Unis ? De plus, une question a été soulevée, du moins selon des articles qui n'ont pas été démentis par l'ambassade grecque à Washington. Les relations entre la Grèce et les États-Unis sont en effet très importantes. Y a-t-il finalement un problème ? Le deuxième candidat ambassadeur ne se rendra-t-il pas non plus ? Il n'est probablement pas candidat. Il a été approuvé par le Conseil de service.

L. ZOCHIOU : En ce qui concerne la solution à deux États. Tout d'abord, nous serons représentés au niveau du ministre des Affaires étrangères à la Conférence internationale sur la solution à deux États. Notre position sur cette question est claire et je tiens à la réitérer : nous restons fermement favorables au lancement du processus politique visant à la solution à deux États sur la base des résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies. C'est une revendication constante des Palestiniens, qui aspirent à un État indépendant, mais aussi d'Israël, qui souhaite vivre en sécurité dans la région. Notre position à cet égard n'a pas changé. La question de la reconnaissance d'un État palestinien ne se pose pas. Si cela doit se faire, c'est une évidence. Nous considérons toutefois que cela devrait faire partie du processus politique qui doit être relancé.

M. BALI : Pour clarifier les choses. Vous n'êtes donc pas sur la même longueur d'onde que les Français ?

L. ZOCHIOU : Je pense avoir été clair, Madame Bali, en disant que cela doit faire partie du processus politique qui doit redémarrer. Nous n'en sommes pas là. Mais c'est en tout cas une autre question à laquelle il faut donner la priorité, et c'est la position de la Grèce. La priorité est le cessez-le-feu, l'acheminement massif de l'aide humanitaire à Gaza pour les civils et, bien sûr, la libération inconditionnelle des otages. Le renforcement - tant institutionnel qu'économique - de l'Autorité palestinienne. Tels sont les quatre points auxquels la Grèce accorde la priorité. Cela ne signifie toutefois pas que nous ne nous exprimons pas de manière plus générale, que nous ne participons pas à des déclarations communes avec les États membres dans le cadre du Conseil de sécurité et, bien sûr, avec nos partenaires. Je mentionnerai les quatre dernières qui ont eu lieu au mois d'août, dont deux dans le cadre du Conseil de sécurité. La première concernait les cinq États membres européens, qui ont pris position et publié une déclaration commune pour éviter les opérations militaires à Gaza.

La deuxième a eu lieu le 27 août, lorsque 14 des 15 États membres du Conseil de sécurité ont cosigné une déclaration commune appelant Israël à lever toutes les restrictions sur l'acheminement de l'aide humanitaire à Gaza. Le 22 août, nous avons également publié une déclaration avec les 25 autres partenaires condamnant les colonies dans la zone E1 à l'est de Jérusalem. Toujours au mois d'août, la Grèce s'est jointe à 27 partenaires pour appeler Israël à lever les restrictions sur l'acheminement de l'aide humanitaire à Gaza. Je ne manquerai pas de mentionner également la présidence du mois de mai et l'initiative prise par la Grèce en tant que pays présidant le Conseil de sécurité. Elle a réuni 80 délégations et le ministre des Affaires étrangères a prononcé une déclaration commune au nom des 80 délégations sur la protection des civils dans les conflits armés. Je pense donc avoir répondu à vos questions concernant Gaza et la question de l'État palestinien.

Bien sûr, il serait peut-être opportun ici de souligner également l'aide humanitaire fournie par la Grèce au mois d'août, avec les largages d'aide humanitaire sur Gaza, l'envoi d'aide humanitaire via l'Égypte et la Jordanie, mais aussi le soutien à l'UNRWA, à l'Organisation mondiale de la santé, etc.

En ce qui concerne l'Ukraine. Il y a effectivement une mobilisation diplomatique en Ukraine et toute initiative visant à mettre fin aux hostilités est saluée et encouragée par la Grèce. À ce stade, permettez-moi de dire que la Grèce est claire quant à sa position sur l'Ukraine, le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Ukraine. Le fait qu'elle invoque le droit international, le principe de l'inviolabilité des frontières. Et bien sûr, elle est claire sur la question de la guerre révisionniste menée par la Russie.

Donc, en ce qui concerne les pourparlers eux-mêmes et les développements, pour être clair, oui, nous sommes en faveur des pourparlers, de la mobilité diplomatique, et il semble qu'il y ait une perspective d'avenir. Cela signifie bien sûr qu'une condition préalable indispensable à une paix durable – et c'est là l'objectif, une paix durable et permanente – est que la partie directement concernée, l'Ukraine, participe aux pourparlers de paix. Je tiens toutefois à souligner l'importance de la participation de l'Union européenne aux pourparlers de paix, étant donné qu'il s'agit d'une guerre qui se déroule sur le continent européen.

À l'ONU, je n'ai pas encore une idée claire de (l'agenda) concernant ces questions.

Mais je tiens à souligner une fois de plus que la priorité dans ce dossier est la cessation des hostilités. La priorité est à la trêve et, bien sûr, aux discussions qui suivront.

Concernant Monsieur Rubio, s'il y avait quelque chose à ce sujet, je vous l'aurais annoncé.

Cependant, je peux vous dire ceci. Mme Papadopoulou se rendra à Washington avant l'Assemblée générale pour planifier le dialogue stratégique qui aura lieu entre la Grèce et les États-Unis à Athènes. Celui-ci devrait avoir lieu d'ici la fin de l'année 2025. Le ministre des Affaires étrangères - pour faire un bref retour en arrière - a rencontré en février 2025 Marco Rubio, le ministre des Affaires étrangères des États-Unis, au Département d'État, puis, bien sûr, à La Haye, en marge de la réunion de l'OTAN, son homologue américain. Il y a des contacts à différents niveaux et, bien sûr, ce qui va se passer dans un avenir proche, c'est le dialogue stratégique, qui devrait se tenir à Athènes.

En ce qui concerne la nomination du nouvel ambassadeur de Grèce à Washington, M. Alexandridis, cette question est réglée, elle sera mise en œuvre et se déroulera comme prévu. Il prendra ses fonctions au début de l'année 2026. Notre ambassadrice, Mme Aikaterini Nasika, quittera ses fonctions à la fin de l'année 2025, date à laquelle suivra la nomination du nouvel ambassadeur grec à Washington.

Merci beaucoup.

Septembre 4, 2025