Je vous remercie beaucoup d'être ici aujourd'hui. C'est avec une joie et un honneur particuliers que j'accueille aujourd'hui au ministère grec des Affaires étrangères mon cher ami, le ministre des Affaires étrangères de la République arabe d'Égypte, Badr Abdelatty.
Monsieur le Ministre, cher ami. Il y a quelques mois, en mai 2025, nous avons signé une déclaration commune établissant une relation stratégique entre nos deux pays voisins. Une relation qui reflète les liens historiques étroits entre nos peuples et le parcours séculaire de nos civilisations anciennes. Mais elle exprime aussi, de la manière la plus évidente qui soit, le niveau de notre coopération actuelle, qui a atteint son apogée, fondée sur le droit international et la compréhension mutuelle concernant nombreuses questions géopolitiques complexes. La Grèce et l'Égypte restent des piliers de stabilité, ayant développé une relation exemplaire et multiforme dans un environnement international instable, dans une région particulièrement sensible comme celle de la Méditerranée orientale, marquée par des crises de plus en plus intenses et des défis complexes. L'accord sur la délimitation de la zone économique exclusive reste aujourd'hui, cinq ans exactement après sa signature, exemplaire.
En ce qui concerne la crise à Gaza, la priorité absolue est de parvenir à un cessez-le-feu, d'acheminer une aide humanitaire massive aux civils et de libérer sans condition les otages. En coopération avec l'Égypte, nous continuerons à prendre des initiatives humanitaires dans la région, comme nous l'avons soutenu lors de la Conférence internationale pour la résolution pacifique de la question palestinienne à New York. La Grèce reste fermement en faveur de la relance du processus politique visant à une solution à deux États, sur la base des résolutions des Nations Unies, seule réponse à la revendication historique des Palestiniens pour un État indépendant et d'Israël pour la sécurité dans la région. Dans ce contexte, nous soutenons le plan arabe de reconstruction de Gaza, dont l'Égypte est le principal promoteur.
En ce qui concerne la Syrie, la Grèce et l'Égypte sont favorables à la souveraineté et à l'intégrité territoriale d'un État unique, avec la participation de tous les Syriens, dans le respect universel du droit international. Nous condamnons les récentes attaques contre des civils et des sites religieux dans le sud de la Syrie. Et nous appelons le gouvernement de transition du pays à prendre toutes les mesures nécessaires, préventives et répressives, pour assurer la sécurité de toutes les populations, en particulier des chrétiens et de toutes les communautés religieuses et ethniques.
En ce qui concerne la Libye, voisin commun de nos deux pays, j'ai informé M. le ministre de mes récentes visites à Benghazi et à Tripoli.
Nous convenons de la nécessité de relancer le processus politique. Nous convenons également que le peuple libyen doit décider de son avenir par des élections libres et équitables, sans ingérence extérieure, afin de mettre en place un gouvernement représentatif. Une Libye stable et unie est dans l'intérêt du pays lui-même, mais aussi de la paix et de la prospérité dans la région.
Nous partageons la position de l'Égypte sur les deux questions majeures concernant la Libye, à savoir l'immigration clandestine et la délimitation des zones maritimes. L'Égypte a fait preuve d'une efficacité particulière dans la protection de ses frontières maritimes. Nous sommes convenus de renforcer la coordination dans le domaine des flux migratoires irréguliers. En ce qui concerne la délimitation des zones maritimes, la Grèce a déjà procédé à une délimitation partielle avec l'Égypte et nous avons l'intention d'entamer des discussions au niveau technique avec la Libye. La Grèce, l'Égypte et la Libye sont des pays véritablement voisins et ont tout intérêt à procéder aux délimitations restantes conformément au droit international de la mer. Il va sans dire que les accords qui ne sont pas fondés sur le droit international n'ont aucun effet juridique. Ils provoquent des tensions dans une région déjà très instable. Nous soutenons le droit de l'Égypte à ses ressources naturelles et à la protection de son environnement naturel.
Je tiens tout particulièrement à saluer le rôle de médiateur joué par l'Égypte et par mon ami le ministre des Affaires étrangères en faveur de la stabilité régionale dans un contexte extrêmement difficile, dans la situation complexe en Libye, dans la crise majeure au Moyen-Orient, dans la question de l'Iran et de son programme nucléaire, dans les conflits et les risques humanitaires en Afrique subsaharienne. Dans cette région, l'Égypte est la puissance naturelle dominante, capable non seulement d'assurer la stabilité, mais aussi de contrer toute influence illégitime et déstabilisatrice que d'autres pays tenteraient d'exercer dans cette région au sens large.
Monsieur le Ministre, je comprends et j'apprécie la sensibilité dont fait preuve le président Sissi et les efforts déployés tant par lui-même que par vous-même concernant le monastère Sainte-Catherine du mont Sinaï. Pour la Grèce et les orthodoxes du monde entier, le monastère n'est pas seulement le plus ancien lieu de culte encore en activité, mais aussi un symbole unique de la civilisation œcuménique. C'est d'ailleurs le président Sissi lui-même qui a évoqué avec des mots chaleureux la continuité de ce lieu de culte lors de sa visite à Athènes dans le cadre du Conseil de coopération de haut niveau.
Comme en juin dernier au Caire, notre discussion avec le ministre à Athènes a été extrêmement productive, tant sur la situation juridique du monastère que sur sa promotion en tant que centre religieux mondial.
Notre intention commune est que le monastère poursuive son chemin sans encombre, dans le cadre du statu quo établi depuis quinze siècles. Je suis convaincu que l'Égypte honorera la tradition de respect de toutes les religions et de tous les dogmes qu'elle a elle-même façonnée au fil du temps. J'ai reçu aujourd'hui de mon ami le ministre l'assurance que la continuité et le caractère cultuel grec orthodoxe du monastère ne seront pas perturbés, ce qui témoigne de la tolérance religieuse et du respect des droits religieux dont l'Égypte a toujours fait preuve.
Monsieur le Ministre,
Je tiens à vous remercier pour votre coopération exemplaire, tant au niveau bilatéral que dans le cadre des organisations internationales. Au niveau bilatéral, nous travaillons systématiquement à la poursuite du développement de nos échanges commerciaux, à l'interconnexion dans le domaine de l'énergie, notamment à travers le projet emblématique d'interconnexion électrique GREGY Interconnector, tout en veillant à l'amélioration constante de la voie légale de migration de l'Égypte vers la Grèce, qui constitue une perspective importante et extrêmement bénéfique pour l'économie grecque. Nous poursuivrons nos efforts afin de lever tous les obstacles bureaucratiques liés à notre accord sur la migration légale.
La Grèce reste un défendeur indéfectible de l'Égypte au sein de l'Union européenne. Elle a joué un rôle de premier plan dans la signature de l'accord de stratégie globale de partenariat entre l'UE et l'Égypte et continue de militer en faveur des mesures visant à mettre en œuvre cette relation. Cette même vision est partagée au sein des Nations Unies, où la Grèce, en tant que membre élu du Conseil de sécurité, exprime également la position de son amie l'Égypte. En particulier, nous unissons nos voix dans toutes les instances internationales sur la nécessité de garantir effectivement la liberté de navigation, en particulier dans la mer Rouge.
En conclusion, je tiens à vous remercier une fois encore, Monsieur le Ministre, mon cher ami, pour votre présence ici, qui est l'expression des liens d'amitié et de fraternité qui unissent nos deux peuples.
Aout 6, 2025