Intervention du ministre des Affaires étrangères, Giorgos Gerapetritis, lors de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies sur le Moyen-Orient (New York, 25.02.2025)

Intervention du ministre des Affaires étrangères, Giorgos Gerapetritis, lors de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies sur le Moyen-Orient (New York, 25.02.2025)

Je vous remercie Monsieur le Président,

Chers collègues,

C'est une excellente occasion pour les membres du Conseil d'échanger leurs points de vue sur des questions très importantes à des moments critiques.

Je voudrais remercier Mme Kaag et M. Levy pour leurs exposés. Mais surtout, Noa Argamani pour son témoignage personnel bouleversant.

Après des décennies de guerre et d'instabilité, le Moyen-Orient se trouve aujourd'hui à un tournant.

Les accords de trêve au Liban et à Gaza montrent qu'il est possible de parvenir à la paix. Lors de ma récente tournée dans la région, j'ai été le témoin direct de ce nouvel élan.

Le récent accord de trêve et de libération d'otages à Gaza, attendu depuis longtemps, est un excellent exemple de cette dynamique. Il nous rappelle à tous ce qu'il est possible de réaliser grâce à la volonté politique.

Après tout, la paix, comme la guerre, ne peut réussir que là où il y a la volonté de l'imposer.

La volonté politique est en effet la clé pour surmonter enfin la dure réalité de la guerre. Dans ce contexte, je salue les efforts de médiation continus de l'Égypte, du Qatar et des États-Unis, qui continuent de superviser la mise en œuvre de l'accord de trêve.

Il est maintenant essentiel de progresser vers un accord sur toutes les phases de cet accord afin de garantir la libération de tous les otages et la fin permanente de toutes les hostilités, ce qui permettra de planifier un avenir plus prospère et plus sûr pour l'ensemble de la région.

Des histoires aussi effrayantes que celles de Noa et Shiri Bibas nous suivront pendant des années. Elles nous rappellent à quel point il est impératif de libérer immédiatement tous les otages et de veiller à ce que Noa a décrit ne se reproduise pas. Elles nous rappellent également que le cessez-le-feu doit se poursuivre et que le conflit doit cesser définitivement.

Sur le plan humanitaire, la situation sur le terrain reste extrêmement préoccupante. Des millions de personnes ont un besoin immédiat de services de santé de base, d'éducation et de logement. Par conséquent, l'acheminement continu et sans entrave de l'aide humanitaire vers toutes les parties de Gaza doit rester une priorité.

Dans ce contexte, nous nous félicitons de l'augmentation de l'aide humanitaire suite à la conclusion de l'accord de trêve, à la réouverture du poste-frontière de Rafah et à la réactivation de la mission EUBAM Rafah, à laquelle la Grèce s'est engagée à participer.

Monsieur le Président,

La Grèce est présente dans tous les efforts visant à alléger les souffrances de la population de Gaza. Nous avons déjà reçu et nous continuerons à recevoir des enfants blessés de Gaza pour qu'ils soient soignés dans les hôpitaux grecs. Nous continuerons également à envoyer de l'aide humanitaire pour soutenir les familles palestiniennes. Par l'intermédiaire du patriarcat grec orthodoxe de Jérusalem, le monastère de Saint-Porphyre à Gaza s'est avéré être un refuge sûr pour un grand nombre de chrétiens et musulmans.

Nous ne pouvons pas changer le passé. Nous pouvons toutefois jeter les bases de l'avenir. Il est également important de planifier l'après-conflit, y compris l'administration, la sécurité et la reconstruction de Gaza. Les Palestiniens devraient jouer un rôle de premier plan de ce processus. Les déplacements de populations peuvent conduire à l'instabilité dans l'ensemble de la région. La communauté internationale doit continuer à soutenir l'Autorité palestinienne, en l'aidant à répondre à ses besoins économiques immédiats et à mettre en œuvre les réformes nécessaires pour promouvoir la bonne gouvernance, des institutions fortes et assurer la déradicalisation.

L'accord de trêve fournit les incitations nécessaires pour revitaliser le processus politique. La création d'un État palestinien souverain sur la base d'une solution à deux États, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, et la reconnaissance du droit d'Israël à exister dans la paix et la sécurité. Une paix durable est nécessaire pour combattre l'extrémisme et les forces radicales dans la région.

Honorables collègues,

À l'approche du mois sacré du Ramadan et de la fête de Pâques, célébrée par tous les chrétiens le même jour cette année, nous nous souvenons tous de l'importance particulière du statu quo des lieux saints de Jérusalem et de Bethléem.

Compte tenu de l'importance universelle des Lieux Saints, je voudrais réaffirmer l'intérêt particulier de la Grèce pour la préservation du statu quo.

Monsieur le Président,

Un nouvel espoir fait jour au Liban.

La Grèce salue chaleureusement la formation d'un nouveau gouvernement au Liban, suite à l'élection du président Aoun et à la nomination du premier ministre Salam.

La cessation des hostilités est également une évolution très positive et nous félicitons les États-Unis et la France pour leur contribution. Assurer la sécurité à long terme des citoyens israéliens et libanais est le seul moyen de parvenir à une paix durable. Le déploiement progressif des forces armées libanaises au sud du fleuve Litani et la protection du retour en toute sécurité des personnes déplacées dans leurs foyers jouent un rôle important dans la mise en œuvre des dispositions de l'accord de trêve et de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations Unies.

La Grèce, en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, participera activement aux discussions sur le renouvellement du mandat de la UNIFIL en 2025, et participe depuis longtemps au volet naval de la mission avec une frégate.

En ce qui concerne la Syrie, sa sécurité et sa prospérité sont des facteurs d'une importance capitale pour la stabilité régionale. Par conséquent, garantir l'unité, la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Syrie est une aspiration partagée et un objectif commun.

Je me suis récemment rendu à Damas, où j'ai eu des entretiens avec le président intérimaire Al Sharaa et le ministre des Affaires étrangères Al Shaibani. J'ai également participé à la conférence ministérielle sur la Syrie à Paris. Mon message était clair et conforme à tous mes engagements : la Grèce soutiendra une transition politique contrôlée et dirigée par les Syriens dans l'esprit de la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations Unies. Ce processus devrait inclure toutes les communautés ethniques et religieuses, ainsi que les forces politiques syriennes. Il devrait également ouvrir la voie à une réforme constitutionnelle et à des élections équitables dans le but de mettre en place un gouvernement démocratique, représentatif et inclusif, à l'abri de toute ingérence étrangère.

Alors que la communauté internationale s'empresse de répondre aux besoins de la Syrie après 14 ans de guerre civile, la Syrie doit faire preuve de bonne volonté et respecter pleinement les droits souverains de ses voisins en vertu du droit international, y compris le droit international de la mer. 

Selon moi, le processus de retour à la normale passe par quatre piliers : la levée progressive des sanctions, le renforcement des institutions, la reconstruction et le retour des Syriens dans leurs foyers.

Honorables collègues,

Permettez-moi à présent d'évoquer la sécurité maritime régionale et la liberté de navigation en mer Rouge, qui sont toutes deux soumises à une pression extrême, à cause des attaques incessantes des Houthis qui perturbent la navigation commerciale internationale. La sécurité maritime est une priorité déclarée du mandat de la Grèce au Conseil de sécurité des Nations Unies.

En tant qu'État maritime et chef de file de l'opération navale ASPIDES de l'UE, la Grèce contribuera à assurer le respect de la sécurité maritime, de la liberté de navigation et de la protection des marins, dans le plein respect du droit international.

Dans ce contexte, et en étroite collaboration avec nos partenaires, nous appelons à un règlement politique global et inclusif au Yémen, seule voie vers une paix et une stabilité régionales durables.

Monsieur le Président,

Alors que la région connaît une profonde transformation, nous devons saisir toutes les occasions et n'épargner aucun effort pour contribuer, par l'intermédiaire de cette Organisation et de ses agences, à instaurer davantage de justice, de dignité et de paix pour tous les peuples du Moyen-Orient.

Février 25, 2025